L’ancien président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi, âgé de 67 ans, est mort lundi après une audition au tribunal au Caire, ont indiqué à l’Agence France-Presse des sources sécuritaire et judiciaire. Selon ces mêmes sources, l’ancien président, en détention depuis 2013, a parlé lundi devant un tribunal avant de s’effondrer, puis d’être emmené à l’hôpital, où il est décédé. « Il a parlé devant le juge pendant vingt minutes, puis il s’est animé et s’est évanoui. On l’a vite emmené à l’hôpital, où il est mort plus tard », a dit la source judiciaire.

Le site du journal d’État Al-Ahram a aussi rapporté la mort de Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement pour une courte mandature entre 2012 et 2013, avant d’être écarté par l’armée. Issu d’une famille d’agriculteurs, il s’était affiché lors de la présidentielle de 2012 comme le garant des idéaux démocratiques de la révolte de 2011 déclenchée par la jeunesse libérale et laïque, mais à laquelle les Frères s’étaient ralliés, par opportunisme selon leurs détracteurs. Il avait été surnommé « la roue de secours », remplaçant de dernière minute du premier choix des Frères musulmans, l’homme d’affaires Khairat al-Chater, inéligible, mais qui avait remporté le scrutin, de justesse, face à un cacique du régime de Hosni Moubarak. Les manières simples et l’air affable de Mohamed Morsi, marié et père de cinq enfants, avaient contribué à un certain état de grâce durant ses premiers mois de présidence.

« Perçu comme la marionnette des Frères » musulmans

Celui qui avait gravi les échelons des Frères musulmans sans se faire particulièrement remarquer s’était ensuite rapidement attiré les foudres d’une grande partie de la population, qui l’accusait d’être une « marionnette » aux mains des Frères en les aidant à accaparer tous les pouvoirs, tout en étant incapable de rétablir la sécurité ou de relancer une économie à genoux. « Il était perçu comme la marionnette des Frères, dont il a placé des éléments à des postes-clés de l’administration, ce qui a irrité la bureaucratie au sommet et la population », estime Moustapha Kamel al-Sayyid, politologue. Les crises se sont succédé et un an après son élection, le 30 juin 2013, des millions d’Égyptiens sont descendus dans la rue pour réclamer son départ. Son tombeur, l’ex-chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, a invoqué ce mouvement pour justifier la destitution de Mohamed Morsi trois jours plus tard et lancer une sanglante répression contre ses partisans. Policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi en quelques mois. Des centaines ont été condamnés à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’histoire récente » du monde.

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